À l'occasion du TIFF (10-20 septembre), UniFrance, en partenariat avec Le Film Français, propose chaque jour, pendant cinq jours, un regard sur les films français présents à Toronto vus par leurs exportateurs (sans oublier le court métrage) mais aussi un état des lieux actuel du cinéma français hors de nos frontières, et de la situation en France.
- Industry Selects : Lovers, de Nicole Garcia
- Les films français attendus dans le monde
- Dernières nouvelles de France : Comment l'Etat accompagne la relance de l'industrie cinématographique
Industry Selects
Lovers, de Nicole Garcia
Après sa première mondiale en compétition à Venise, Lovers, 9e long-métrage de Nicole Garcia (produit par Les Films Pelléas), est sélectionné aux Industry Selects du TIFF. Pour Hannah Horner et Julia Schulte, de France tv distribution, la stratégie des ventes internationales a clairement démarré avec la projection à la Mostra (doublée par une projection en ligne pour ceux qui n’avaient pu faire le déplacement), qui a permis de prendre le pouls du marché. Le film avait été prévendu sur scénario dans quelques territoires (Russie, Ukraine, Pays Baltes, Brésil), mais le prestige d’une sélection officielle est primordial pour l’impact médiatique qu’il suscite. Depuis la première du film à Venise, de nombreuses négociations sont en cours. Pour Hannah Horner, "les acheteurs sont plus que jamais au fait de ce qu’il se passe, avec une volonté de reprendre le marché comme il était avant, comme pour compenser le creux qu’il y a eu depuis plusieurs mois." Julia Schulte précise que de nombreux tournages et post-productions ayant été décalés, "tout le monde attend la reprise de la dynamique, mais pour certains marchés, cela reste compliqué". Selon elle, "Lovers possède une universalité liée à son sujet, l’amour passionnel", et son aura de film d’auteur français haut de gamme lui permettra de bien se positionner en salle. Elle souligne également que le film possède des éléments de thriller assez classiques, et que, de fait, il "suscite aussi pas mal d’intérêt de la part de chaînes télé qui drainent aujourd’hui, dans certains marchés comme l’Allemagne, l’intérêt des distributeurs." Prévu pour sortir en France en décembre, le film suivra rapidement dans les territoires francophones, puis dans le reste du monde en 2021, avec entre-temps de nombreuses demandes de la part de festivals pour lesquels la présence de Nicole Garcia est toujours très désirée.
Les films français attendus dans le monde
Un atout du cinéma français réside dans sa variété et diversité, et ce sera sur ce point de force qu’il misera pour conserver sa place au sein des différents marchés étrangers. Parmi les comédies, un des genres les plus forts à l’export, qui sortiront en cette fin d’année, on peut citer Aline, the Voice of Love de Valérie Lemercier, Delete History de Benoît Delépine et Gustave Kervern, Mama Weed de Jean-Paul Salomé (photo), The Speech de Laurent Tirard, French Tech de Bruno Podalydès ou encore The Big Hit d’Emmanuel Courcol. D’autres titres, sélectionnés en festivals, débuteront leurs carrières internationales : Night Shift d’Anne Fontaine, Summer of 85 de フランソワ オゾン et le premier film de Fanny Liatard & Jérémy Trouilh, Gagarine.
Côté animation, on pourra compter sur カラミティ signé Rémi Chayé, Little Vampire réalisé par Joann Sfar, et Yakari, A Spectacular Journey de Toby Genkel et Xavier Giacometti, mais les familles découvriront aussi Poly de Nicolas Vanier. Pour terminer, place à l’action avec The Stronghold de Cédric Jimenez et au fantastique grâce à Douglas Attal et son How I Became a Super Hero. L’automne et l’hiver à venir seront également rythmés par les nouveaux démarrages de succès des mois passés, à l’image de Divorce Club de Michaël Youn, The Specials d’Olivier Nakache et Éric Toledano, An Officer and a Spy de Roman Polanski, How to be a Good Wife de Martin Provost, The Truth de Hirokazu Kore-Eda, 9人の翻訳家 囚われたベストセラー de Régis Roinsard et Arab Blues de Manele Labidi.
Dernières nouvelles de France, par Le Film Français
Comment l'Etat accompagne la relance de l'industrie cinématographique
Par Sarah Drouhaud
Après des mesures d’urgence au printemps, générales et sectorielles, puis la mise en place d’un fonds public géré par le CNC couvrant en partie le risque Covid pour la reprise des tournages, le gouvernement a annoncé début septembre un plan de relance de 2 Md€ pour la Culture. Dans ce plan, le CNC va recevoir 165M€, dont 60M€ pour compenser ses pertes fiscales en 2020, et 100M€ pour des mesures en faveur de la production, de la distribution, de l’exploitation en salle et de l’export. En outre, le cinéma pourra puiser dans une enveloppe de 400M€ sur 5 ans ouverte aux secteurs culturels dans un plan d’investissement d’avenir de l’Etat pour des projets numériques. Et l’Audiovisuel public va bénéficier d’une dotation spéciale (70M€). Par ailleurs, étant donné le maintien des règles de distanciation physique dans les salles, les cinémas ont accès à un fonds une compensation de leurs pertes d’exploitation.
Prévu avant le confinement et encore plus crucial après, l’autre sujet majeur pour la relance est la transposition des directives européennes SMA, Droit d’auteur et Cab/Sat pour mieux encadrer les plateformes comme Netflix et Amazon. Après le retard pris sur ce sujet, Emmanuel Macron s’est engagé à leur entrée en vigueur au 1er janvier 2021. Elles vont se voir imposer des obligations de financement dans la création audiovisuelle et cinématographique, dont une part dans la production indépendante et en respectant le droit d’auteur français, avec un système comparable à ce qui existe pour les chaînes de télévision. Et la filière doit rediscuter de la chronologie des médias qui réglemente les délais de diffusion des films, afin de raccourcir ceux de la SVOD.