Adapté des romans de Danielle Thiéry, elle-même ex-commissaire divisionnaire, "Marion" plonge le spectateur dans un Paris à la fois sombre et rempli d’espoir. Flic et mère, Marion est une femme forte et inspirante, dont le parcours universel peut parler au-delà des frontières. Entretien avec le réalisateur Jacques Kluger, le producteur Mathieu Ageron (Nolita), et les distributeurs internationaux de la série Virginie Boireaux & Constantin Briest (Have A Good One (HAGO)).
Unifrance : Pouvez-vous nous parler de la genèse du projet ?
Jacques Kluger : Des rencontres ! C’est d’abord la découverte de l’univers de "Marion" à la suite de la lecture de "Crimes de Seine" de Danielle Thiéry. Ensuite, c’est la rencontre avec Danielle Thiery qui m’a immergé dans son monde, celui d’une femme-flic, la première femme commissaire divisionnaire en France. Enfin, c’est la rencontre avec Mathieu Ageron et l’envie qui en est sortie de développer un vrai thriller noir ancré dans la culture française. Renouer avec Melville et avec la tradition de cinéma noir.
Mathieu Ageron : François-Pier Pélinard Lambert nous a présenté Jacques Kluger en pressentant que la proposition singulière qu’il portait allait nous convaincre chez Nolita. Nous souhaitions explorer le thriller depuis longtemps, mais avec un angle nouveau. Le personnage de Marion – une femme forte dans un environnement jamais dépeint à la télévision – nous a alors immédiatement séduits, tout comme l’énergie et l’envie de Jacques, absolument communicatives.
Quel est le pitch de la série, en quelques phrases ?
JK : C’est l’histoire de la patronne de la Brigade Ferroviaire qui se retrouve confrontée à de sombres personnages. Fraîchement arrivée de Lyon avec sa fille adoptive, Edwige Marion intègre l’équipe de la Gare du Nord en tant que commissaire divisionnaire de cette unité. Dans cet univers noir et violent, elle enquête avec un style bien à elle sur les affaires criminelles les plus sombres, tout en cherchant à concilier ses responsabilités de mère célibataire, sa volonté d’être une femme libre et son rôle de flic.
La série est portée par Louise Monot, Gwendolyn Gourvenec et Bertrand Nadler.
Qu’est-ce qui fait la singularité de cette série ? Quels sont ses atouts pour séduire un public international ?
JK : La série revisite le cinéma noir à la française. Les décors, les personnages œuvrent et se déploient dans une ambiance unique : les gares parisiennes.
La série se déroule à Paris, loin d’un Paris de carte postale souvent représenté dans les séries. Un Paris à la fois sombre (peuplé de personnages déviants) et lumineux. Le décor dans lequel se développe la série, la Gare du Nord (première gare européenne) est inédit : les trains qui partent vers des lieux éloignés, les attentes, les rencontres, la froideur des matériaux (comme l’acier, le béton), la faune humaine où se croisent les nantis, les démunis, les vagabonds, les flics et les criminels.
L’esthétique de la série a été pensée dès le départ pour toucher un public international. La référence photographique à David Fincher est assumée et revendiquée, elle s’enrichit d’un référentiel visuel et narratif français : une femme flic dans un grande gare parisienne.
Finalement, "Marion" – par ses décors, ses personnages et ses intrigues complexes – est une série sombre mais porteuse d’espoir, comme les apprécient tant les audiences internationales. L’espoir, véhiculé par la capacité à chercher la lumière, même au plus profond de l’obscurité. L’homme est un loup pour l’homme, mais l’espérance d’un monde meilleur permet à tous, et à Marion en premier, d’avancer.
Quelles sont vos ambitions pour le programme à l’international ?
MA : Nous aimons ce personnage féminin qui est entouré par d’autres femmes fortes, dont sa fille adoptive, Nina, à présent adolescente. Toutes vont essayer de se frayer un chemin pour s’affirmer. On suit alors plusieurs destins universels : quelle femme, quelle mère, quelle fille suis-je et ai-je envie d’être ? Des questions qui résonnent bien au-delà de nos frontières.
Aussi, à travers le genre traditionnel du thriller, porté par des personnages féminins inspirants auxquels les téléspectateurs vont s’identifier facilement, dans un Paris dépeint de manière inédite, Marion propose de forts arguments pour exister sur les chaînes de tous les continents. Déjà, la série sera diffusée sur plusieurs chaînes du groupe NBC Universal (France, Espagne, Pologne…). Ensuite, avec notre distributeur Have A Good One (HAGO), nous avons entamé des discussions dans de nombreux autres pays, en Europe et ailleurs, pour des premières et secondes fenêtres de diffusion.
Et nous voyons plus loin. Les six épisodes qui constituent la première saison de "Marion" sont adaptés de trois romans de Danielle Thiéry. Parmi quinze enquêtes déjà publiées ! Nous avons donc comme objectif de revenir avec ce personnage pour de nouvelles aventures. En nous appuyant sur une saga littéraire à succès, nous voulons installer une marque claire et récurrente à la télévision en France. Sachant que la force d’un programme français à l’international est, outre sa qualité, sa capacité à atteindre un nombre critique d’épisodes, il est clair que prolonger les enquêtes de Marion sur plusieurs saisons sera un des leviers les plus puissants pour atteindre notre objectif de populariser ce personnage partout dans le monde.
Vous avez présenté la série en exclusivité lors de la session de pitchs du Coming Next from France, qui a eu lieu pendant le Series Mania Forum. Quelles sont vos impressions après cette session ? Avez-vous déjà des contacts ou des pistes pour l’export de la série ?
MA : Le Coming Next from France a été le premier événement public de présentation de "Marion". Près de 4 minutes d’images ont été projetées à une salle de 500 professionnels internationaux habitués à ce genre d’exercice. Cette session a été l’occasion d’avoir un premier retour particulièrement enthousiaste des acheteurs français et étrangers. C’est un véritable accélérateur pour nous : l’exposition de la série a été formidable, et les connexions faites à la suite de notre pitch à Séries Mania s’avèrent très riches et concrètes. Elles devraient se matérialiser prochainement, notamment après la présentation des deux premiers épisodes en avant-première à CANNESERIES…
Virginie Boireaux & Constantin Briest : en tant que distributeurs, présenter "Marion" au Coming Next à Series Mania a été une très jolie opportunité de mettre en lumière ce polar qui obéit à des codes classiques tout en apportant une réelle modernité ; c’est cela qui plaît à l’international. La série est ancrée en France mais parle à tout le monde, quelle que soit la nationalité de celui ou celle qui la regarde.
Le sujet, le potentiel de la "marque" mais aussi et surtout la vision de Jacques et l’expertise de Mathieu nous ont totalement séduits chez Have A Good One. L’ambition est bien évidemment de faire voyager "Marion" dans le monde entier - la collection des 15 livres sortie en France, Belgique, Allemagne, Autriche, Italie et Espagne, va également être traduite en anglais prochainement, ce qui laisse beaucoup d'espoir pour l'export de cette série - et c’est déjà bien parti.