Avec un parti pris graphique d’animation fort et abouti, la série Behind the Beats, sélectionnée en compétition au Festival d'Annecy 2024, invite les différentes générations à découvrir l’histoire – ou plutôt les histoires – de la musique pop. Corinne Kouper, productrice déléguée et directrice du développement, et Patricia De Wilde, directrice Marketing & New Business chez TeamTO, nous racontent la genèse de la série, son développement et ses atouts pour captiver les familles à travers le monde.
Unifrance : Comment ce projet de série animée autour de l’histoire de la pop musique a-t-il vu le jour ?
Corinne Kouper : Nous avons reçu ce projet par son créateur, Baptiste Jaquemet, un motion-designer et graphiste qui est devenu l’auteur et réalisateur de la série par la suite. La difficulté majeure pour développer cette anthologie de la pop music en dessin animé, a été la clearance des droits musicaux, d’où l’association avec 22D Music Group. Deux ans ont été nécessaires pour clearer les droits de tous les tubes qui illustrent la série, 3 extraits de 45’’ par épisode. Ensuite il a fallu trouver les bonnes histoires dans cette structure narrative introduisant deux styles musicaux qui se rencontrent pour en créer un nouveau. Et enfin trouver le bon format, la bonne narration, qui réponde à l’image, avec le bon rythme.
Un partenaires vous a accompagné, dès le début, France tv.
CK : Nous avons présenté un pilote de la série au Cartoon Forum 2019 et y avons rencontré beaucoup d’intérêt, mais tout le monde pensait "ce n’est pas pour moi". C'est grâce à France tv, très intéressé dès le début, et YTO que nous avons réussi à rassembler le financement nécessaire pour produire une première saison.
Patricia De Wilde : Nous avons été très bien accompagnés par les équipes de ces deux partenaires, ainsi que par de nombreux consultants. En particulier pour valider le contenu historique musical sous un angle anglophone, et pour la clearance des droits musicaux.
Raconter l’histoire de la musique pop est un vaste projet... Quel angle avez-vous adopté et pour quelle cible ?
PDW : Notre cible est les 12+ et la famille. Une anthologie de la musique pop en dessin animé est un sujet très original, car c’est une histoire rarement racontée, en particulier pour des néophytes que nous sommes finalement tous. C’est un programme familial ("family coviewing") pour permettre aux générations de partager leur amour de la musique, d’échanger sur un sujet commun. L’idée étant de toucher également les ados, une cible très difficile à capter. L’angle narratif choisi passe à travers l’histoire de rencontres, de chemins qui se croisent et s’enrichissent (entre les genres musicaux et personnes qui les représentent). L’objectif était d’être attractif à l'international, avec un regard qui ne soit ni trop occidental ni trop genré. Nous souhaitions aussi insister sur l’apport des minorités et des femmes à l’Histoire de la musique.
Quels sont les atouts qui permettent à ce programme de sortir du lot ?
CK : C’est un programme à regarder en famille, sur un sujet qui touche véritablement toutes les générations, qui peut rallier et rassembler les publics à travers le monde, sur un des vecteurs culturels majeurs à travers le monde qu’est aujourd’hui la musique pop. La série offre différents niveaux de lecture, en fonction de l’âge, du niveau de connaissance et d’intérêt pour la musique. Une très belle animation avec un parti pris graphique fort, la technique d’animation rend la série très accessible avec un style original qui réussit à animer de façon fluide et harmonieuse des personnages qui jouent de la musique et dansent.
PDW : Nous avons également travaillé avec un directeur d’écriture canadien anglophone. L’écriture, pour ce format court, se devait d’être à la fois suffisamment informative et entraînante, tout en gardant l’humour et la légèreté des conversations entre les deux jeunes narrateurs.
Lancée fin 2023 sur France tv, elle arrive sur la RAI en Italie et KiKA en Allemagne. Quel bilan dressez-vous ?
PDW : Créée pour une audience digital native, cette série a les atouts nécessaires pour permettre à des diffuseurs de capter une audience qu’ils ont aujourd’hui peine à séduire. Les 12 ans et plus ainsi que leurs parents (et même leurs grands- parents qui ont vécu la naissance du punk!) constituent un large cœur de cible. Cette série a également l’avantage d’offrir des portes d’entrée à tous les âges, ce qui devrait motiver les équipes de marketing des diffuseurs ! Nous avons ainsi vendu récemment les droits de Behind the Beats pour l’Italie (RAI) et l’Allemagne (KiKA), et nous pensons que les diffuseurs à la recherche d’une programmation groovy ne manqueront pas de s’y intéresser !
Quelles sont vos ambitions pour la suite de la vie de la série après cette sélection au festival d’Annecy ? Envisagez-vous d’autres saisons ?
PDW : Cette sélection au Festival d’Annecy est une formidable nouvelle qui va permettre de faire voyager la série à travers le monde ! Nous avons déjà des dizaines de nouvelles histoires en tête, les trajectoires qui forgent la pop music sont innombrables ! Ce concept de portraits sur fond de pop music est également déclinable autour des instruments de la pop, ou de zones géographiques... Nous espérons surtout avoir déclenché l’envie d’en savoir plus auprès d’un large public familial. Nous sommes prêts à continuer l’aventure avec les diffuseurs partenaires qui souhaiteraient financer de nouvelles saisons.