Les premières rencontres du cinéma francophone en Afrique, organisées par Unifrance et le Ministère ivoirien de la Culture et de la Francophonie, se sont tenues les 4 et 5 juin derniers à Abidjan.
Fixées dans la continuité du Discop Africa – le marché professionnel africain de la télévision – ces rencontres ont réuni pour la première fois l’ensemble des institutions francophones du cinéma, venues de 15 pays d’Europe (France, ベルギー, スイス), du Québec, du Maghreb (アルジェリア, モロッコ), d’Afrique subsaharienne (ベナン, ブルキナファソ, Cameroun, コートジボアール, マリ, Niger, セネガル, Tchad, Togo).
L’Africa est un enjeu qui dépasse aujourd’hui les réflexions des institutionnels. En témoigne la présence des entreprises telles que Orange (et sa filiale cinéma Orange Studio, représentée par David Kessler), Canal+ (François Deplanck) et sa chaîne africaine A+, Lagardère Studios (Takis Candilis), Les cinémas Gaumont Pathé (Jean-Pierre Decrette, directeur du développement), mais aussi des producteurs : Éric Névé, qui achève un tournage au Sénégal, Laurent Lavolé, producteur du seul film africain présenté en sélection officielle (un Certain Regard) à Cannes ; des festivals : Dominique Besnehard qui poursuit sa recherche de films pour son festival francophone d’Angoulême, Nicole Gillet, déléguée générale du FIFF, Nathalie Barton de Vues d’Afrique au Québec et un cinéaste emblématique : Abderrahmane Sissako.
Structurer une filière de production au sein de la francophonie, organiser la formation des techniciens, scénaristes, producteurs dans des pays qui ne disposent pas à ce jour d’infrastructures, impliquer les télévisions et les diffuseurs dans la production, créer ce lien indispensable qu’est la distribution, s’appuyer sur les salles naissantes, telles ont été les enjeux des débats. Les réalisations concrètes sont en cours puisque Pathé étudie l’ouverture de multiplexes au Maroc et en Côte d’Ivoire sans s’interdire à moyen terme d’aller dans d’autres pays.
L’Afrique envoie enfin nombre de signes positifs concernant le cinéma : le nombre de plateformes VoD a doublé en deux ans, les premières salles numériques ouvrent (le Normandie à N’Djamena, le Magic Ciné à Bamako, le Majestic One à Abidjan) et un multiplexe est attendu à Dakar pour la fin de l’année, et les aides à la production existent déjà dans trois pays d’Afrique (Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire). Tout en mettant en garde les professionnels contre un excès d’autosatisfaction Abderrahmane Sissako constate les progrès réalisés : « Depuis 15 ans les choses ne sont plus pareilles en Afrique : avant on promettait, aujourd’hui on agit ».